Exemple !
J'aurai souhaité parlé ici de la relaxe de Dominique de Villepin dans l'affaire Cleastream, du mouvement profond de protestation qui commence à s'emparer conjointement des enseignants, des parents d'élèves et des élèves en Seine Saint-Denis, des mauvais calculs de Mme Fadela Amara dans le domaine de la politique de la Ville mais le temps manque et je veux pas en ce mois de février 2010, oublier de dire mon admiration immense pour un grand homme politique vivant actuellement. Je pense bien sûr à Nelson Mandela, libéré le 11 février 1990 après 27 ans d'emprisonnement, il y a tout juste vingt ans. Icône de la lutte anti-apartheid, créateur de la nation arc-enciel, cet homme symbolise à lui tout seul, mondialement, l'espoir, la liberté et la démocratie mais aussi l'intégrité et l'intelligence des autres et de l'histoire. Nelson Mandela enseignait à ses codétenus trois principes essentiels pour bien agir en politique: Ne jamais se précipiter pour prendre une décision, très bien connaître son adversaire et toujours consulter tout le monde. L'exemple de cet homme a marqué mon parcours politique. Je pense avoir toujours essayé d'appliquer en toute choses ces trois principes. Je ne suis pas le seul. Il faut nécessairement persévérer pour tenter de mieux faire.
Chaise vide…
Mes aspirations politiques sont humanistes et ancrées dans le socialisme et le pragmatisme. En conséquence, j'ai toujours cherché à être un homme d'écoute de dialogue. En quête de consensus, je ne refuse jamais le compromis s'il permet de faire reconnaître ou progresser mes idéaux . Laisser ma chaise vide à une table de concertation ou de négociation n'est donc pas dans mes habitudes. Le 28 janvier, en tant que Président de l'Assemblée des Départements de France, je l'ai pourtant fait en ne participant pas à la Conférence du déficit public organisée le jeudi 28 janvier 2010 par le Président de la République. Le Président de l'Association des Régions de France a fait de même. Cette décision était politique. Elle ne dérivait pas d'un quelconque calcul politicien ou d'une posture partisane comme certains ont souhaité le faire croire. En laissant ma chaise vide, je souhaitais avant tout signifier que les départements ne sont responsables en rien de l'ampleur du déficit public et que sa gravité et ses conséquences pour les français méritaient autre chose qu'un séminaire elyzéen organisé le jour même du verdict de l'Affaire Clearstream. Il était certain que cette actualité allait couvrir et rendre inaudibles pour le grand public, les arguments qu'un grand nombre d'élus territoriaux de tout bord politique oppose à la réforme territoriale et à la politique de recentralisation conduites par le Président de la République. Gouverner ce n'est pas gérer au jour le jour l'agenda médiatique pour noyer le poisson…
Manœuvre !
Le débat sur l'identité nationale vient-il d'être enterré en "petite pompe" par une série de mesurettes comme beaucoup le disent ? Pourquoi avait-il été ouvert et est-il vraiment refermé ? Le Président de la République et sa "fine lame" Eric Besson ne connaissaient-ils pas l'immense historien qu'était Fernand Braudel ? Son œuvre sur "l' identité de la France" comprend deux tomes qui totalisent 1182 pages. Des années de travail érudit pour renoncer à donner une définition, pour avouer que cette identité est "un amalgame, des additions, un mélange" en perpétuel transformation, pour remarquer aussi que la question de l'identité française ne resurgissait qu'aux très grandes crises: après les guerres de 1870, de 1914-1918, durant l'Occupation puis après la Libération en 1944-45. Nous ne sortons pas d'une guerre. La crise et les inégalités économiques sont certes graves mais la France n'est pas idéologiquement divisée. En novembre 2009, Hervé Le Bras, démographe et historien, a crié au loup: "Attention, Manœuvre !". Sous le débat de l'identité nationale expliquait-il, sont dissimulés ceux sur la nationalité française et la recherche de critères qui permettraient d'en limiter l'acquisition. Dans ce domaine, les lois Sarkozy–Hortefeux sur l'immigration ont déjà réduit les possibilités d'unions mixtes entre français(es) et étrangers(ères). Par ailleurs, ces lois s'appliquent tous les jours un peu plus durement. Les expulsions touchent désormais le monde étudiant (comme en témoigne l'expulsion le 11 février de Achraf El Ouanzi, étudiant marocain, placé en rétention en Janvier, parce que son passeport et son visa étaient arrivés à expiration) mais aussi les scientifiques. Ainsi Farzaneh Sheidaei, jeune et brillante, astrophysicienne iranienne devait quitter la France le 13 février. Je redoute que le débat sur l'identité française ait été une sorte de tour de chauffe pour jouer sur la peur de l'étranger avant les élections régionales et qu'il réapparaisse, se révèle sous sa vraie nature (la question de la nationalité) et monte en puissance dans la perspective des Présidentielles de 2012. Un mouvement d'ethnicisation de notre pays est d'autant moins à écarter qu'il y irait de pair avec la politique sécuritaire et qu'il trouverait dans la poursuite de la crise économique et de la montée du chômage un écho amplifié.
Souffrance…
Notre pays souffre profondément de la crise. Les chiffres portant sur l'ensemble de l'activité en 2009 commencent à tomber. Le PIB français a connu un recul historique depuis la fin de la seconde guerre mondiale (-2,2%) et 412.000 emplois ont été détruits sur l'année dont 56.500 au quatrième trimestre. Comme ne cessent de le répéter de nombreux économistes, le rebond du quatrième trimestre (+0,6%) 2009 ne doit pas nourrir des illusions pour 2010. L¹investissement des entreprises a reculé (-1,2%). Le solde du commerce extérieur se détériore (-0,7%) pour atteindre un déficit quasi-historique malgré le recul des échanges en 2009 (notamment des importations d¹énergie). La production industrielle recule de nouveau en décembre 2009 (-0.8% pour l¹industrie manufacturière). La progression de la consommation des ménages (+0,9%) s¹explique par les achats d¹automobiles (+8%), liés à l¹arrivée à échéance de la prime à la casse. (les constructeurs s' attendent cette année à une année noire avec un recul de 8 à 10 % du marché européen. La consommation risque donc de se tasser, le chômage de continuer à augmenter avec des risques de désinflation. Dans ce contexte où semble se mettre en place toutes les composantes d'une nouvelle spirale dépressive, le plan de rigueur budgétaire d¹une ampleur jamais connue par la France annoncé par le gouvernement dans le programme de stabilisation transmis à la commission européenne apparaît aberrant. Il agit sur la diminution des dépenses publiques, sociales et des collectivités locales, au risque de démanteler les services publics et le système de protection sociale, qui ont pourtant permis d¹amortir les premiers effets de la crise.