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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 10:17

562437 the-economist-retrecit-sarkozyJe n’ai pas rédigé de billet sur ce blog depuis la rentrée car j’ai un peu de difficulté à décrire ce que je ressens sur le plan politique. Il y a d’abord de la honte. Mon pays n’est plus la Patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen. En invoquant cet été la déchéance de la nationalité pour des criminels français d’origine étrangère,  en ciblant par une circulaire les Roms comme ethnie à reconduire manu militari à la frontière pour servir d’exemple à  tous  les « sans papiers », Nicolas Sarkosy et son gouvernement réduisent notre pays aux heures les plus sombres de son histoire. La presse étrangère ne s’y trompe pas quand elle se gausse du tyranneau français. On ne peut que lui donner raison quand on découvre que l’Etat mobilise ses services secrets pour museler les sources d’information du journal « Le Monde ».

A ma honte se mêle la colère car nous savons tous maintenant qu’en jouant sur les peurs, la politique sécuritaire du Président n’est que politicienne. La charge contre les Roms est proportionnelle aux charges qui s’accumulent dans le cadre de l’Affaire Bettencourt-Woerth. Le bric-à-brac coercitif de la loi Loppsi 2 pour « la performance de la sécurité intérieure » est à l’image du strict contrôle exercé par l’Elysée sur les parlementaires de sa majorité. Sur la sécurité, comme sur tous les autres dossiers, ce Président va préférer ne rien céder, multiplier les lois et les décrets, même s’ils sont inconstitutionnels, afin tenir fermement les rênes de l’agenda politique du pays jusqu’aux Présidentielles.  

Preuve en est qu’il vient aussi d’obliger l'Assemblée nationale à annuler  en commission des Lois, les profondes modifications apportées en juillet par le Sénat au projet de loi sur la réforme des collectivités territoriales.  Il y aura un vrai bras de fer, au sein de la majorité présidentielle, entre les deux chambres ? Qu’importe ! Cela permettra à cet hyperprésident  mal-aimé de compter les siens. De même, les syndicats souhaitent l'épreuve de force sur la réforme des retraites ? Qu'ils mettent la France en grève générale ! Cela permettra au Timonier élyséen de se montrer inflexible et ensuite de "se sacrer" guide d'un pays à qui il aura fait perdre le Nord...

 Je suis inquiet car toute la stratégie politicienne mise en place depuis trois ans par ce Président consiste à déboussoler les consciences, à les fatiguer par d’innombrables  débats jusqu’à les faire se coucher pour accepter l’inexorable, à savoir son mode personnel de gouvernement.

Ce mode de gouvernement est celui d’un « monstre doux », ni trop despotique, ni trop tyrannique, mais égotique, pervers et surtout expert dans la manipulation et le contrôle des esprits.  Alexis de Tocqueville a mis en garde les citoyens contre cette dérive de la Démocratie. Selon le philosophe italien Raffaele Simone, l’Occident serait en train de virer à droite et nous serions déjà dans le cauchemar de Tocqueville. Silvio  Berlusconi et Nicolas Sarkosy, tous les deux affiliés au monde des affaires et des médias, seraient les caricatures de ce mode monstrueux de gouvernement.

Hommes de gauche,  nous n’avons sans doute pas encore suffisamment pris conscience de cette évolution.  Avons-nous vraiment mesuré que, partout dans l’Europe vieillissante,  les crises de la modernité et de la mondialisation ont généré des chaos, des tourments et un épais terreau composé d’inquiétudes et de menaces, dans lequel seules la droite et l’extrême droite savent plonger, sans état d’âme, leurs racines pour se ressourcer et en tirer des forces ?   Nous opposons nos valeurs de solidarité, la raison, l’analyse et la gestion avisée à l’intelligence perverse, pragmatique et opportuniste d’un monstre sans vergogne se nourrissant des peurs des uns et des autres !  Est-ce suffisant ?

Dans sa couverture, « The Economist », autrefois partisan de Nicolas Sarkosy, l’a fait disparaître sous le chapeau du Général Bonaparte.  Prenons garde que, sous ce chapeau, ne soit pas en train de se concocter un 18 brumaire larvé et que, face aux affaires d’états  qui pourrissent la crédibilité de ce  gouvernement, ne sorte du chapeau un dictateur moderne, mature et rompu aux contradictions et divisions de notre pays, prêt à sur-jouer ce rôle de « monstre doux » que des français vieillissant repliés sur eux-mêmes pourraient appeler de leurs vœux.  Comment parer à ce danger ?

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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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REFORME TERRITORIALE

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Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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