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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 17:22

La revue France Terre d'Asile m'a interviewé la semaine dernière sur la prise en charge par les Départements des mineurs isolés étrangers. Peu de personnes savent que les Conseils Généraux ont hérité des compétences des Directions Départementales de l'Action Sanitaire et Sociale (DDAS) et sont de ce fait investis d'une mission de protection des mineurs en danger. Parmi ces derniers, il y aurait aujourd'hui en France, 4000 à 6000 mineurs isolés étrangers sans papier ayant quitté leur pays souvent ravagé par la guerre, la famine et la misère. Ces enfants, ces jeunes aux parcours émaillés d'expériences parfois dramatiques peuvent refuser de retourner dans leur pays, demander asile à la France. Ne pouvant être reconduits à la frontière, ils sont placés dans des centres spécialisés. Les services départementaux d'Aide Sociale à l'Enfance, se battent pour leur offrir un accueil humain et pour les protéger le plus rapidement possible juridiquement et socialement avant qu'ils n'atteignent la majorité. Mais les moyens manquent. Ils se réduisent du fait de l'étranglement financier des Conseils Généraux sous le poids de la croissance des dépenses sociales, de la non-compensation totale par l'Etat de leur prise charge, de la crise économique, mais encore de réforme malvenue comme celle de la taxe professionnelle. Comment dés lors, conformément à la convention internationale des droits de l'enfant, accueillir et protéger ces mineurs dépourvus de capacité juridique, coupés de leurs racines, totalement démunis ? Ils ne sont pas des sauvages comment le laissent supposer des ministres et des média employant sans honte le terme de "Jungle" pour qualifier la situation vécue à Calais mais aussi par les élus calaisiens et par toutes les associations solidaires qui apportent une aide. Le Pas-de-Calais est régulièrement sous les projecteurs mais d'autres départements, comme Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val d'Oise, les Bouches-du-Rhône, le Nord, l'Ariège, etc, commencent à éprouver de grandes difficultés pour faire face dignement, modestement, à ce phénomène migratoire annonciateur de grands bouleversements.

Je pense que les grandes démocraties d’Europe et du Monde ne pourront édifier très longtemps des barrières physiques empêchant des peuples de migrer vers d’autres pays. Je suis convaincu que les législations sur l’immigration voleront en éclat tant le poids des injustices est insupportable pour de nombreux jeunes dans le monde. Depuis des siècles, ont existé de grandes migrations du nord au sud, de l’est à l’ouest, franchissant des océans, des montagnes, des déserts, recherchant « l’eldorado » et aujourd’hui au XXIème siècle, ces mouvements demeurent et existent toujours. Nous savons par ailleurs qu'ils vont sans doute s'amplifier sous l'effet du dérèglement climatique de la planète. Quand aurons-nous le courage de le dire et de l’écrire ? Quand aurons-nous la volonté d’aborder ces questions essentielles à tous les niveaux et de tenter d’y apporter des solutions humanistes au nom de valeurs intemporelles que sont la solidarité, la justice, la fraternité ? Je rêve d’un monde qui approuve le partage, le respect de l’autre, de son identité, de son droit à vivre. Je rêve d'une France qui montre dans ce domaine l'exemple aux autres grandes démocraties.

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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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REFORME TERRITORIALE

Battez-vous avec nous !
Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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