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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 14:53

 

J'ai appris la mort de Mohamed ALHASSAN, dit Tekembat, un ami nigérien ; il avait 29 ans.

 

Il est décédé, hier soir à l'hôpital de NIAMEY. Sa présence à NIAMEY était induite par le fait qu'il attendait une réponse pour une demande de visa. Il devait nous rejoindre, ma femme Michèle et moi, pour avoir la possibilité d'être soigné correctement et repartir dans une vie normale avec une installation en France pour bénéficier sur le long terme d'un suivi médical régulier.

 

Je veux dire ici que la politique d'exclusion et de fermeture des frontières menée par le Gouvernement français actuel est pour partie responsable du décès de Mohamed. Le second refus du Consulat de France, intervenu hier malgré un dossier complet et une intervention forte réalisée par mes soins auprès de l'Ambassade de France au Niger ainsi qu'auprès du Cabinet du Ministre BESSON, a eu raison de son moral et l'a amené à baisser les bras.

 

Cette venue en France, il me l'a dit souvent, constituait son dernier espoir. Le Gouvernement de mon pays, patrie des droits de l'Homme il y a bien longtemps, a mis fin à cet espoir et donc à sa capacité de se battre.

 

Son dernier texto date d'hier après-midi, il me disait que la raison invoquée était "que l'on ne donne pas de visa à des jeunes sans emploi". Il est mort quelques heures après.

 

L'histoire de Mohamed, que je ne pourrai donc pas accueillir dans ma maison alors que sa chambre était prête, est malheureusement emblématique de notre monde d'aujourd'hui. Des riches qui, pour préserver leurs acquis, érigent des murs de plus en plus hauts entre eux et le reste du monde, des pauvres qui ne comprennent pas pourquoi on les traite ainsi, des jeunes que l'on stigmatise comme des voyous potentiels car ils sont sans emploi. Je rappelle ici que Mohamed a été employé d'Areva via sa filiale Cominack et que celle-ci a mis fin à son CDD en raison de sa maladie ; le conserver dans l'entreprise constituait un coût social trop élevé pour l'entreprise et pouvait constituer un précédent !

 

La France lui a volé son emploi, la France lui a interdit l'accès à son territoire et à un système de santé, la France l'a tué !

 

Ce qu'il y a de pire, c'est l'illustration ici même que la solidarité humaine ne peut plus résister aux coups de boutoir des institutions et des lois des états puissants. Depuis plus trois mois que nous agissions pour que Mohamed puisse nous rejoindre, j'ai vraiment cru que les hommes et les femmes qui ont été associés au traitement du dossier de demande de visa de Mohamed seraient solidaires et feraient preuve de compassion. Et bien non ! Ils ont des instructions et s'y soumettent. Balayant d'un cachet "Refusé" apposé sur une feuille rose, toute une chaîne de solidarité humaine qui compte pour rien.

 

Mohamed, aujourd'hui, je suis très triste et en colère contre mon pays.

 

 

Claudy LEBRETON

Président de l'Assemblée des Départements de France

Président du Conseil général des Côtes d'Armor

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commentaires

A
<br /> C'est un peu facile de reprocher aux autres un manque de charité, beaucoup d'êtres humains meurent chaque jour dans le monde.<br /> <br /> Peut être auriez vous pu faire un peut plus en montant une association pour lui financer des soins meilleurs par des dons privés, par exemple.<br /> <br /> Ce n'est pas pour vous culpabiliser, juste pour dire qu'avant de solliciter les autres, on commence par donner l'exemple.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Que reste-t'il "d'humain" chez ces monstres qui nous gouvernent?...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> ‘Le respect de la loi n’est pas l’arbitraire, mais la protection contre l’arbitraire.<br /> Entre le fort et le faible, c’est la loi qui protège.’<br /> <br /> c'est... d'Eric Besson<br /> Il a du oublier ou il a une interprétation toute particulière de son adage...<br /> <br /> Je partage votre sentiment de révolte et de dégoût<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Je suis très attristée par la mort de Mohamed que je ne connais qu'à travers votre témoignage<br /> Effectivement nous sommes dans une politique mondialiste qui se fout du monde qui peut exister et vivre sa vie dans la tristesse et ...la résignation<br /> Ce qui me rend plus triste encore c'est cette résignation de tant de personnes qui pourraient soulever ce voile de misère et empoussiérer l'esprit avide de ces gens qui croient au pouvoir pas si<br /> fictif que ça de l'argent, détourné de sa vraie valeur depuis des centaines d'années<br /> Que Mohamed et tous qui auraient pu être sauvés vivent encore longtemps dans nos mémoires et nos esprits retrouvent l'espoir d'une humanité afin que cessent enfin cette souffrance<br /> permettez moi de partager votre peine<br /> Mariella<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Oui, pour avoir le droit d'être malade, il faut avoir un emploi.<br /> <br /> Si on est malade du fait de son emploi (ce qu'on appelle une maladie professionnelle quand c'est reconnu, pas souvent), on peut être soigné, on perd quand même son emploi (souvent).<br /> <br /> Quand on pense à ceux qui vont se faire soigner ici ou là ou chez nous...<br /> Etait-il aryen, au moins ? avec 64 quartiers.<br /> <br /> Trouvé la page ici<br /> http://gauchedecombat.wordpress.com/2010/05/11/la-france-m%e2%80%99a-tuer/<br /> <br /> On partage ton chagrin et la colère est permise dans un tel cas.<br /> <br /> <br />
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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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REFORME TERRITORIALE

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Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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