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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 12:09

50 euros FlickrLe 3 octobre, François Fillon a eu enfin le courage d’évoquer la suppression du bouclier fiscal. Ce faisant, il a libéré une centaine de députés UMP des foudres élyséennes. Ceux-ci ont concocté un amendement au projet de budget 2011 à  l'Assemblée Nationale. Celui-ci prévoit la suppression du bouclier fiscal, mesure emblématique de l’iniquité du quinquenat sarkozien et celle, non moins symbolique mais cette fois pour la gauche, de l’impôt de solidarité sur la fortune.

 

Ces 117 frondeurs veulent compenser les quelque 3 milliards de ressources qui viendraient à manquer pour l’Etat par "l'imposition des revenus du patrimoine, ainsi que par la création d'une nouvelle tranche d'impôt à 46% pour les revenus supérieurs à 100.000 euros. Il faudra y voir de plus près. Comme Jean Marc Ayrault, on peut ne pas être d’accord avec la suppression de l’ISF, ou vouloir son remplacement par des taxes sur les plus-values comme le souhaite Jérôme Cahuzac…

 

Pour moi, l’important n’est pas là pour l’instant. En matière de fiscalité, l’essentiel est d’être persuadé qu’il faut remettre tout le système fiscal en chantier,  au niveau national, local et européen. De ce point de vue scandaleux (ou pire inconscients) sont les mensonges du Président de la République qui assurait encore en Juillet qu’en Allemagne le bouclier fiscal était inscrit dans la Constitution alors qu’il n’existe pas dans ce pays.  Cesser de mentir et de se mentir est une urgence. Les deux tiers des français sont opposés au bouclier fiscal. Quant à l'ISF, qui n'existe dans aucun autre pays d'Europe, il n’est pas vain d’envisager qu’il puisse nuire à l'attractivité fiscale de notre pays en induisant 7 milliards d’évasion fiscale hors de France par an. Enfin, concevoir une révolution fiscale nationale sans y intégrer sa dimension locale serait une aberration et une nouvelle manifestation du mépris du centralisme étatique pour la France des Territoires. 

 

La Cour des Comptes est aussi en train légitimer la fronde qui prend forme contre les dogmes fiscaux. Son Conseil sur les Prélèvements Obligatoires (CPO) a estimé dans son rapport du 6 octobre que les niches fiscales et sociales profitant aux entreprises sont elles aussi de plus en plus coûteuses et pas toujours efficaces. Entre 2002 et 2010, tous les ans, près de 12 niches fiscales ont été créées et le nombre de dispositifs d’exonérations sociales a également augmenté considérablement. Ainsi, le CPO pointe que la TVA réduite à 5,5 % dans la restauration a un «impact limité sur l’emploi pour  un coût élevé » (3 milliards d’euros par an) et que l’exonération d’impôts et de cotisations pour les heures supplémentaires a un effet « ambigu » sur l’emploi tout en coûtant à l’Etat 4 milliards d’euros. Deux autres mesures phares du paquet fiscal sarkozien sont donc remises en cause…

 

L’Etat prévoit de récupérer 9,4 milliards de recettes l’an prochain en rabotant quelques unes de ces niches. Mais, pour le CPO, les marges de manœuvre sont bien plus grandes. Selon lui, l’ensemble des économies pourrait permettre de récupérer entre 15 et 29 milliards d’euros. Cette manne seraient bienvenue pour financer les allocations de solidarité APA (Allocation personnalisée d'autonomie), PCH (Prestation de compensation du handicap) et RSA (Revenu de solidarité active) dont les départements assumeront cette année la charge à hauteur de  13,68 milliards d'euros, alors que l’Etat ne compensera plus que 7,64 milliards et que la Réforme de la taxe professionnelle les prive de ressources locales suffisantes.  Sans rééquilibrage nationale de ces trois allocations individuelles de solidarité, les départements ne seront plus en mesure, dés 2011, de les assurer.

 

Toute refonte du système fiscal dans notre pays doit prendre en compte la dimension locale. De ce point de vue, s’il est un seul « bon point » à accorder ces dernier temps au Président Sarkozy, c’est d’avoir demandé à la Cour des Comptes un rapport sur le rapprochement des systèmes fiscaux allemands et français.  Ce rapport lui permettra certes de justifier l'abandon de ses nombreuses promesses de 2007 sur la fiscalité et les impôts mais il démontrera aussi, je l’espère, que si l’on veut sauver l’Europe de ces déficits publics et de la spéculation sur les taux de changes par une convergence des politiques franco-allemandes économiques et sociales construite sur la fiscalité, il faudra en priorité en France réviser la nature des rapports entre l’Etat et ses Territoires et, pour cela  concevoir un grand acte II de la Décentralisation reposant une nouvelle autonomie politique et fiscale pour les collectivités territoriales. 

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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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REFORME TERRITORIALE

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Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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