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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 18:28

2848495413 5ac0df85d7 tDans le numéro de la revue Futurible de décembre 2009, Marjorie Jouen, membre du laboratoire de pensée "Notre Europe" initié par Jacques Delors en 1996, fait le point sur la conception des services publics de demain. Elle montre notamment que tout le courant de pensée du "new public management" qui a dicté à la fin du XXe siècle, les politiques européennes de dérégulation des services publics, sous couvert de leur coût excessif et d'une recherche de plus grande efficacité, ne s'est pas avéré très probant et qu'il a été surtout créateur partout de nouvelles inégalités.

 

En Europe démontre Marjorie Jouen, un nouveau mode de production des services d'intérêt général est en train de se mettre en place. Ce dernier vise à associer très en amont les décideurs aux usagers. Soulignant le retard de la France au regard de ce mouvement, elle montre, exemples à l'appui, le rôle performant que jouent, et peuvent jouer, les expérimentations et innovations sociales dans le processus indispensable de modernisation des services d'intérêt général.

 

Je partage son avis quand elle dit qu'il s'agit maintenant de concevoir des services collectifs efficaces en partant des besoins des citoyens et que c'est « une rupture complète avec la logique d'offre et d'organisation des services qui a prévalu sans discontinuer depuis un bon siècle». «L'usager devient acteur majeur » de la transformation des services publics, ce qui requiert une bonne dose de créativité et conduit à «des relations plus directes entre les décideurs et les agents avec des pyramides hiérarchiques très simplifiées».

 

Effectivement, les citoyens acceptent de moins en moins que l'intérêt général soit défini "en haut et qu'il leur tombe du ciel sur la tête". Nous devons donc aller vers des processus de décision publique différents. Aussi je m'interroge sur les moyens à employer et plus encore sur la nouvelle culture à promouvoir pour entrer dans ce mouvement. Devenu depuis plus d'un an maintenant un utilisateur de Facebook, je me demande si une solution pour une commune ou un département n'est pas à rechercher dans l'expérimentation de petits réseaux sociaux locaux thématiques tel que "Laruche.org" sur lequel 1 600 rennais se sont déjà inscrits pour se connaître et partager, entre autres, leurs idées sur ce que pourrait être une citoyenneté alternative de proximité. Le défi est donc désormais de défendre avec la plus grande fermeté les services publics locaux tout en les réinventant en réseau avec les citoyens.

 

 Voir :  http://beta.ruche.org

(Photo Vincent Meyer / Creative Commons)

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 14:47

FlaghaïtiJe reviens d'Inde où j'ai participé, comme Président de l'Assemblée des Départements de France, aux premières assises de la coopération décentralisée franco-indienne, mais ce n'est pas de cela dont je veux parler (j'y reviendrai un peu plus tard ici) mais d'Haïti dévasté. J'ai découvert les premières images de la destruction de Port au Prince au moment de prendre mon avion pour Delhi. Pendant mon séjour, ces images se superposaient à celles des inégalités indiennes. Haïti ! C'est le pays le plus pauvre du continent américain, le 148 ieme pays le plus démuni sur 179 au niveau mondial que vient de dévaster la nature par un tremblement violent de son écorce terrestre. 80 % de ces habitants y vivent avec moins de 1 dollar par jour !

 

Bien évidemment, j'ai demandé aux services du Conseil Général des Côtes d'Armor de prévoir la mobilisation de son fonds de solidarité internationale. C'est certain, c'est une goutte d'eau mais là n'est pas le problème. Le problème, c'est la scandaleuse pauvreté régnant sur cette planète et le fait que les inégalités monstrueuses n'explosent à la face du monde que lors de telles catastrophes naturelles. Les ruines et la mort rendent alors visibles la misère et le dénuement qui existent. De retour du sous-continent indien, cette pauvreté  dévastée à Haïti ne cesse de me faire penser à ces inégalités planétaires, au rapport de l'homme avec la nature, avec sa planète. Aujourd'hui à Haïti, c'est un tremblement de terre, hier c'était les cyclones, demain, aux catastrophes naturelles, s'ajouteront pour les pays les plus pauvres les sinistres climatiques que nous, pays "riches", aurons engendré.

 

Oh combien, à Copenhague, le Président du Venezuela, Hugo Chavez, a dit la vérité crue aux gouvernants du monde, à savoir que la question cruciale des rapports de l'homme à la nature ne sera pas résolue sans s'attaquer aux inégalités économiques et sociales intolérables qui dévastent notre planète. Nous ne sommes pas responsables des tremblements de terre mais de la misère, si !

 

Dons en ligne pour l'aide d'urgence à Haïti : http://www.croix-rouge.fr/

 

Prenez le temps de voir la vidéo sous-titré en français du discours d'Hugo Chavez à Copenhague et la partager : http://www.dailymotion.com/swf/xbjmk0

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 13:14

manif étudiantAffirmer, comme vient de le faire  Valérie Pécresse  à la Conférence des Grandes Ecoles, que l'ouverture de ces dernières à plus de boursiers entraînerait une baisse de niveau est une absurde provocation ! 

 

La réalité , c'est que la destinée sociale d’un élève puis d’un étudiant reste déterminée par l’origine sociale de ses parents. Un rapport du Sénat publié en 2007 rappelait que si 21% des enfants d'enseignants ou de père exerçant une profession libérale accèdent aux grandes écoles, la proportion est de 0,8% pour les enfants d'ouvriers non qualifiés, de 1% pour les enfants d'ouvriers qualifiés et de moins de 4% pour les enfants d'employés. Par ailleurs, la pauvreté et la précarité des étudiants constituent le principal obstacle à leur investissement dans les études. Comment poursuivre des études longues et prenantes sans stabilité financière ou sans logement ?   La conséquence de ces inégalités sociales, c'est une auto-censure chez de nombreux étudiants de très bon niveau issus de milieu modeste.   

 

Il est impératif de mettre en place une allocation d’autonomie, afin de permettre à chaque étudiant, quel que soit son milieu d'origine, d'effectuer son véritable travail : celui d'étudier. Il faut, de plus, une fois pour toute, avoir le courage de s'attaquer à la partition historique entre grandes écoles et universités, de rapprocher les universités, les classes préparatoires, et les écoles, de refonder les processus d’orientation et les formes de sélection dans le supérieur, qui envoient trop souvent des étudiants dans des filières "de garage"  où dominent le sentiment d' échec et la souffrance.  

 

Les jeunes générations méritent mieux que la sélection impitoyable que nous leurs offrons en maintenant un système méritocratique inégalitaire et corseté par des corporatismes datant d'un passé révolu. Notre pays leur doit autre chose, de plus ambitieux, de plus novateur que les réformes en trompe-l'oeil, que les brouillards de chiffres, dont abuse ce gouvernement.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 10:17

Charismatique et complexe, cet homme était de ceux qui interrogent, interpelle et marque par sa personnalité. A des interlocuteurs de droite, il apportait une contradiction de gauche. A ceux de gauche, il opposait des arguments de droite. Pourtant, il n'était pas au centre. Il s'engageait là où son intuition politique et l'idée qu'il se faisait de la vie et de la nation française le guidait. Je pense que la vivacité de son intelligence lui permettait de poser sur les êtres et les situations une multiplicité de regards et qu'il disposait ainsi de plusieurs sources de clairvoyance contradictoires. Celles-ci se bousculaient sans doute en lui. Elles l'ont contrait parfois a préféré les racines de son identité et le passé de la France à la destruction-créatrice que suppose l'évolution. C'est à mon sens, la raison profonde du souverainisme dans lequel on l'a drapé plus qu'il ne s'est drapé lui-même. Est-ce sa clairvoyance des mutations de la fin du XXeme et du début de ce siècle qui le poussait, sans vraiment s'illusionner, à s'offrir comme un rempart conservateur, à choisir la solitude de la diagonale, de la diagonale d'un triangle partant du sommet de l'Etat, perpendiculaire au Peuple et ayant le passé et le futur comme cotés. Est-ce cet équerre qui lui donnait une rectitude républicaine si rétive aux idéologues et par conséquent si solitaire ? L'homme fascinait par cette posture plus éthique, voire philosophique que vraiment politique. Vosgien, Philippe Séguin savait-il en son fort intérieur, comme le sage de Nietzsche, qu'en montagne la vue la belle est toujours à mi-pente. Amoureux de foot, que préférait-il ? une victoire de son équipe ou un beau match ? J'ai le sentiment aujourd'hui qu'avec Philippe Seguin disparaît du paysage de la droite historique française, une intelligence et une personnalité hors du commun, originales au sens propre du terme, avec qui la gauche pouvait, au moins, sans être en accord, utilement réfléchir. Ces personnalités sont malheureusement de plus en plus rares.

 

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 09:15

stras 2009 083J’ai conduit le 25 novembre dernier la délégation des présidents des associations françaises représentatives des collectivités locales à Strasbourg rencontrer des parlementaires européens. Ce fut l’occasion d’évoquer un certain nombre de sujets d’actualité. J’en retiens deux.

 

La commission Barroso est en train d’élaborer le budget de l’UE pour 2010 et menace de réduire les crédits affectés aux politiques menées par les collectivités locales. J’ai donc expliqué aux parlementaires de tous bords politiques que c’était une grave erreur. Ces crédits, comme ceux de la PAC, sont vitaux pour nos politiques locales. Ils nous permettent de sauver des emplois et de créer de nouveaux services publics, de nouvelles activités. En période de crise économique, ces moyens nous permettent de « garder la tête hors de l’eau ».

 

Nous avons aussi évoqué la protection de l’environnement, question si sensible dans les Côtes d’Armor. Le prochain sommet de Copenhague n’est pas la seule affaire des chefs d’Etat. Les collectivités locales s’y engagent elles aussi à prendre des mesures pour ralentir de réchauffement de la planète. La responsabilité partagée, c’est important.

 

Impression ramenée d’une séance de vote au Parlement de Strasbourg : plus de 500 hommes et femmes « à casques » (tout le monde en porte pour entendre la traduction simultanée dans toutes les langues) réunis dans un immense hémicycle, gigantesque vaisseau amiral de l’Europe.  L’Europe n’est pas loin, elle travaille, elle décide, elle prépare notre avenir.

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 10:16

Je suis à Budapest où je préside les journées de travail de la Commission Européenne des Pouvoirs Locaux Intermédiaires. La CEPLI a pour objectif de rapprocher les territoires européens et de rappeler l'importance de la participation des Pouvoirs Locaux au projet d'intégration de l'Union Européenne au service des citoyens. Ici, nos amis européens ne comprennent pas la réforme des territoires et l'acharnement de Nicolas Sarkosy à vouloir mettre en pièce en France la démocratie locale, la liberté et l'autonomie des collectivités territoriales. Ils ne comprennent pas qu'il puisse mentir sans vergogne aux français en disant que les dépenses des collectivités territoriales françaises sont nettement plus élevées que chez nos partenaires européens. La dépense locale s'élève en France à 200 milliards d'euros et représente 20% de la dépense publique totale contre plus de 50% en Espagne, au Danemark, plus de 40 % en Allemagne, en Suède, en Finlande, plus de 30 % en Italie, en Autriche, en Pologne. Comment un Président de la République peut-il ainsi mentir aux français ? Pourquoi la France est-elle en train de s'incrire à contre-sens de son histoire et de la construction européenne. Aux yeux de bon nombre de nos amis européens, la France est en train de revenir à l'ancien régime et à une forme dangereuse de népotisme. Ici, j'ai du mal à expliquer que ce ne sera qu'un court et triste épisode de notre histoire tant l'image napoléonniene à laisser des traces en Europe. Je pense au discours que je vais tenir lundi prochain au Palais des Congrès à Paris, le 16 novembre, où l'Assemblée des Départements de France va réunir les 4220 conseillers généraux de France. Vue de l'Europe, j'ai l'espoir que cette réunion, au dela de la réflexion et du débat, sonnera l'heure de la résistance pour ramener dans notre pays le pouvoir à la raison...

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 18:44

Le président de la République clame que "le moment est venu de poser la question des échelons de collectivités locales dont le nombre et l'enchevêtrement des compétences est une source d'inefficacité et de dépenses supplémentaires". Son objectif est de focaliser l'attention de nos concitoyens sur une image de l'organisation territoriale qui se décline en superlatifs : "trop d'échelons", "trop d'élus", "trop d'indemnités", "trop de dépenses somptuaires", etc. Analysons…

Combien d'élus en France ? Un président de la République et 39 ministres, 998 parlementaires, 1 880 conseillers régionaux, 4 220 conseillers généraux et 36 838 maires, auxquels il faut ajouter environ 492 000 conseillers municipaux. Or la réforme territoriale - et notamment l'emblématique création des conseillers territoriaux - ne vise que les départements et les régions. Elle exclut de son champ d'application la Corse et l'Outre-mer. Au final, cette réforme ne concerne que 1 % des élus.! Alors qui exagère ? Parmi les exagérations du gouvernement, il y en a deux au moins que je veux combattre.

La première : "Les élus coûtent cher." Sur les 536 000 fonctions électives, 410 000 correspondent à des mandats de conseillers municipaux dans des communes de moins de 2 500 habitants et 110 000 dans des communes de 2 500 à 100 000 habitants. Donc 520 000 élus exercent dans des communes où ne sont indemnisés que les maires et les adjoints. Restent 15 000 élus, dans les communes de plus de 100 000 habitants, les conseillers généraux et régionaux et les parlementaires. Un maire-adjoint dans une ville de plus de 100 000 habitants ne peut prétendre percevoir qu'une indemnité nette d'environ 2 000 euros par mois. L'indemnité d'un conseiller général ou régional, elle, oscille entre 1 200 et 4 000 euros, avec un plafond de 5 500 euros pour les présidents. En réalité, 90 % des élus sont bénévoles. Pour ma part, les indemnités que je perçois comme président du conseil général des Côtes-d'Armor se montent à 4 500 euros. Demain, quelle indemnité pour le conseiller territorial ? Faudra-t-il "payer" ce nouveau professionnel de la politique, comme un président de la République (20 000 euros par mois), un premier ministre (18 500), un ministre (11 à 12 000), ou un parlementaire (5 500) ? Je prends le pari que pour faire accepter cette réforme, le gouvernement sera conduit à proposer une revalorisation substantielle des indemnités versées aux élus locaux. Quelles économies alors ?

Deuxième exagération: "La confusion des responsabilités conduit à des dérapages financiers supportés par les contribuables." Je l'affirme, les collectivités n'interviennent pas partout, à tout propos, sans cohérence. 90 % des actions engagées par les départements et les régions relèvent de leur champ de compétences propres. La confusion, c'est le gouvernement qui l'entretient depuis des mois. Qui assure la réussite du plan de relance ? Qui investit chaque année près de 50 milliards d'euros (soit 73 % des investissements publics) ? Qui, aujourd'hui, crée de la croissance et de l'emploi sinon les collectivités locales aux côtés des entreprises et de leurs salariés ? Et l'Etat dans tout ça ? Est-il en mesure de faire la leçon aux collectivités locales en matière de finances publiques quand son déficit a doublé en un an ? Si l'endettement des collectivités locales est bien réel, il ne représente pas plus de 11 % de la dette publique de l'Etat, qui s'élève à 1 500 milliards d'euros. De l'Etat ou des collectivités locales, le plus vertueux dans la maîtrise des budgets n'est pas celui qu'on croit...

 Pour autant, ne faut-il rien changer ? Non. L'organisation de notre territoire doit être améliorée. Mais la réforme territoriale doit être débattue en toute transparence, sans exagération. Elle devra être acceptée par les citoyens et les élus et reposer sur des principes clairs, loin des idées reçues et des calculs politiciens.

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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 17:22

La revue France Terre d'Asile m'a interviewé la semaine dernière sur la prise en charge par les Départements des mineurs isolés étrangers. Peu de personnes savent que les Conseils Généraux ont hérité des compétences des Directions Départementales de l'Action Sanitaire et Sociale (DDAS) et sont de ce fait investis d'une mission de protection des mineurs en danger. Parmi ces derniers, il y aurait aujourd'hui en France, 4000 à 6000 mineurs isolés étrangers sans papier ayant quitté leur pays souvent ravagé par la guerre, la famine et la misère. Ces enfants, ces jeunes aux parcours émaillés d'expériences parfois dramatiques peuvent refuser de retourner dans leur pays, demander asile à la France. Ne pouvant être reconduits à la frontière, ils sont placés dans des centres spécialisés. Les services départementaux d'Aide Sociale à l'Enfance, se battent pour leur offrir un accueil humain et pour les protéger le plus rapidement possible juridiquement et socialement avant qu'ils n'atteignent la majorité. Mais les moyens manquent. Ils se réduisent du fait de l'étranglement financier des Conseils Généraux sous le poids de la croissance des dépenses sociales, de la non-compensation totale par l'Etat de leur prise charge, de la crise économique, mais encore de réforme malvenue comme celle de la taxe professionnelle. Comment dés lors, conformément à la convention internationale des droits de l'enfant, accueillir et protéger ces mineurs dépourvus de capacité juridique, coupés de leurs racines, totalement démunis ? Ils ne sont pas des sauvages comment le laissent supposer des ministres et des média employant sans honte le terme de "Jungle" pour qualifier la situation vécue à Calais mais aussi par les élus calaisiens et par toutes les associations solidaires qui apportent une aide. Le Pas-de-Calais est régulièrement sous les projecteurs mais d'autres départements, comme Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val d'Oise, les Bouches-du-Rhône, le Nord, l'Ariège, etc, commencent à éprouver de grandes difficultés pour faire face dignement, modestement, à ce phénomène migratoire annonciateur de grands bouleversements.

Je pense que les grandes démocraties d’Europe et du Monde ne pourront édifier très longtemps des barrières physiques empêchant des peuples de migrer vers d’autres pays. Je suis convaincu que les législations sur l’immigration voleront en éclat tant le poids des injustices est insupportable pour de nombreux jeunes dans le monde. Depuis des siècles, ont existé de grandes migrations du nord au sud, de l’est à l’ouest, franchissant des océans, des montagnes, des déserts, recherchant « l’eldorado » et aujourd’hui au XXIème siècle, ces mouvements demeurent et existent toujours. Nous savons par ailleurs qu'ils vont sans doute s'amplifier sous l'effet du dérèglement climatique de la planète. Quand aurons-nous le courage de le dire et de l’écrire ? Quand aurons-nous la volonté d’aborder ces questions essentielles à tous les niveaux et de tenter d’y apporter des solutions humanistes au nom de valeurs intemporelles que sont la solidarité, la justice, la fraternité ? Je rêve d’un monde qui approuve le partage, le respect de l’autre, de son identité, de son droit à vivre. Je rêve d'une France qui montre dans ce domaine l'exemple aux autres grandes démocraties.

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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 23:27

Le projet de réforme territoriale est maintenant sur les rails. La boulime réformiste du Président de la République me semble suspect et dangereuse. Pourquoi faudrait-il être réformiste dans ce domaine ? Pour céder à des effets de mode ou être nécessairement dans et où il n'y en avait pas besoin, pour semer encore plus le trouble dans l'esprit des citoyens ? Faut-il vraiment réformer les Communes, les Conseils Généraux, les Conseils Régionaux et réformer leurs compétences ? Est-ce vraiment une priorité des français quand ils connaissent une crise économique et sociale d'une ampleur jamais atteinte dans l'histoire de notre pays et de l'Europe ? Est-ce que les autres démocraties européennes s'attaquent à leurs collectivités avec une telle violence contre la démocratie locale à un moment où nous avons besoin de stabilité institutionnelle ? Il n'y a que nous pour entreprendre les pires choses au mauvais moment ! Je veux bien être conservateur quand je défends les libertés locales, quand je m'oppose au démantèlement des services publics locaux ! Je n'ai pas intériorisé le discours populiste de Nicolas Sarkosy qui veut détruire une France que j'aime et qui n'est ni un pays dépassé ni une France du passé. Je veux une France moderne, plus décentralisée, plus démocratique, cherchant à donner un sens nouveau à ses valeurs de liberté, de fraternité, d'égalité. Nous n'en prenons pas le chemin. Comment le faire comprendre au plus grand nombre de nos concitoyens ?

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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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AIDES A DOMICILE

Pour une meilleure organisation des
aides à domicile !

Retrouvez l'actualité du groupe majoritaire de gauche

 de l'ADF : link : www.groupemajoritaireadf.com

Groupe majoritaire de gauche de l'ADF

REFORME TERRITORIALE

Battez-vous avec nous !
Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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