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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 14:03

culture svgTenter de faire diversion. Voilà à quoi en est aujourd’hui réduit Frédéric Mitterrand. Incapable d’apaiser la colère des professionnels de la culture qui monte depuis plusieurs semaines, le Ministre de la Culture a choisi dans une tribune publiée par Libération (7 mai) de rejeter l’entière responsabilité de la situation actuelle sur les collectivités territoriales. Face à cette attaque en règle, nous nous devons de rétablir quelques vérités.

Frédéric Mitterrand nous conseille tout d’abord d’écouter d’une oreille plus attentive la parole présidentielle. Mais quelle crédibilité accorder aux annonces faites dans ce domaine par un homme qui considère qu’il « n’est pas normal que l’on aille à la Comédie-Française pour s’emmerder » ? Comme le dit l’adage, les promesses n’engagent que ceux qui les font. Aussi, tant que le maintien de la clause générale de compétence (pour les politiques culturelles et pour toutes les autres) ne sera pas voté par le Parlement, nous continuerons à la réclamer avec force.

Dans ce débat sur l’avenir de la décentralisation, trop d’espoirs ont déjà été déçus.

Le Ministre de la Culture balaye ensuite d’un revers de main les difficultés financières des collectivités territoriales, laissant ainsi croire que ces dernières relèguent volontairement la culture « au second plan de [leurs] priorités ». A qui espère t-il faire croire une telle contre-vérité ? Dans les territoires, les professionnels de la culture savent pertinemment que les départements doivent aujourd’hui faire face à un véritable étranglement financier.

 De même, quoiqu’en dise Frédéric Mitterrand, le levier fiscal n’est plus qu’un lointain souvenir pour les collectivités territoriales qui voient aujourd’hui leurs marges de manœuvre se réduire comme peau de chagrin.

Pourtant, au-delà de toutes ces difficultés, ces dernières fournissent encore aujourd’hui près de 75% des financements publics du secteur culturel, plus de sept milliards d’euros là où l’État peine à en mobiliser trois ! Elles sont aujourd’hui les véritables garantes du maillage culturel territorial qui permet chaque jour de tisser des liens inestimables entre les citoyens et les générations.

Que feraient élèves, collégiens et lycéens, si les enseignants devaient s’en remettre à l’Etat pour leur permettre d’aller au musée, au concert, au théâtre ? Ces lieux de diffusion qui sont aujourd’hui quasi exclusivement subventionnés par les collectivités territoriales.

Dans quel état serait notre patrimoine national sans les collectivités ? Combien d’associations culturelles vivent grâce aux seuls soutiens des communes, départements et régions ?

Quels sont les enfants qui pourraient pratiquer de la danse, s’initier à la musique, aux arts plastiques si les élus locaux ne privilégiaient pas ces possibilités dans les choix politiques qu’ils opèrent tous les jours ?

Surtout, combien d’artistes et de compagnies, qui vivent de leurs arts, de leurs pratiques seraient contraints demain de trouver d’autres activités pour survivre ?

Monsieur le ministre, vous amusez la galerie pour faire diversion.

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 14:53

 

J'ai appris la mort de Mohamed ALHASSAN, dit Tekembat, un ami nigérien ; il avait 29 ans.

 

Il est décédé, hier soir à l'hôpital de NIAMEY. Sa présence à NIAMEY était induite par le fait qu'il attendait une réponse pour une demande de visa. Il devait nous rejoindre, ma femme Michèle et moi, pour avoir la possibilité d'être soigné correctement et repartir dans une vie normale avec une installation en France pour bénéficier sur le long terme d'un suivi médical régulier.

 

Je veux dire ici que la politique d'exclusion et de fermeture des frontières menée par le Gouvernement français actuel est pour partie responsable du décès de Mohamed. Le second refus du Consulat de France, intervenu hier malgré un dossier complet et une intervention forte réalisée par mes soins auprès de l'Ambassade de France au Niger ainsi qu'auprès du Cabinet du Ministre BESSON, a eu raison de son moral et l'a amené à baisser les bras.

 

Cette venue en France, il me l'a dit souvent, constituait son dernier espoir. Le Gouvernement de mon pays, patrie des droits de l'Homme il y a bien longtemps, a mis fin à cet espoir et donc à sa capacité de se battre.

 

Son dernier texto date d'hier après-midi, il me disait que la raison invoquée était "que l'on ne donne pas de visa à des jeunes sans emploi". Il est mort quelques heures après.

 

L'histoire de Mohamed, que je ne pourrai donc pas accueillir dans ma maison alors que sa chambre était prête, est malheureusement emblématique de notre monde d'aujourd'hui. Des riches qui, pour préserver leurs acquis, érigent des murs de plus en plus hauts entre eux et le reste du monde, des pauvres qui ne comprennent pas pourquoi on les traite ainsi, des jeunes que l'on stigmatise comme des voyous potentiels car ils sont sans emploi. Je rappelle ici que Mohamed a été employé d'Areva via sa filiale Cominack et que celle-ci a mis fin à son CDD en raison de sa maladie ; le conserver dans l'entreprise constituait un coût social trop élevé pour l'entreprise et pouvait constituer un précédent !

 

La France lui a volé son emploi, la France lui a interdit l'accès à son territoire et à un système de santé, la France l'a tué !

 

Ce qu'il y a de pire, c'est l'illustration ici même que la solidarité humaine ne peut plus résister aux coups de boutoir des institutions et des lois des états puissants. Depuis plus trois mois que nous agissions pour que Mohamed puisse nous rejoindre, j'ai vraiment cru que les hommes et les femmes qui ont été associés au traitement du dossier de demande de visa de Mohamed seraient solidaires et feraient preuve de compassion. Et bien non ! Ils ont des instructions et s'y soumettent. Balayant d'un cachet "Refusé" apposé sur une feuille rose, toute une chaîne de solidarité humaine qui compte pour rien.

 

Mohamed, aujourd'hui, je suis très triste et en colère contre mon pays.

 

 

Claudy LEBRETON

Président de l'Assemblée des Départements de France

Président du Conseil général des Côtes d'Armor

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 18:24

 


La « Mutu » pleine, plus de 1300 élus ceints de leur écharpe…Le rassemblement organisé samedi 27 mars contre la régression territoriale a marqué un temps fort dans notre campagne contre les réformes institutionnelle et fiscale. 

En tant que Président de la FNESR, je veux remercier les Présidents des Unions départementales, dont la mobilisation a été sans précédent, et l’ensemble des élus socialistes et républicains dont beaucoup, après leur engagement dans la campagne régionale, ont fait l’effort de nous rejoindre pour montrer leur détermination à faire reculer le gouvernement.

Cette manifestation a démontré notre résolution à nous opposer au projet de régression territoriale, à l’asphyxie financière de nos collectivités et aux menaces qui pèsent sur les services publics. Après notre succès aux élections régionales, forts de notre nombre et de la confiance des Français, la responsabilité nous incombe d’ouvrir de nouvelles perspectives pour nos concitoyens et de dessiner les contours d’une nouvelle ambition pour nos territoires.

C’est ce à quoi s’engage la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains     aujourd’hui.
 Un conseil national extraordinaire sera organisé le 8 juin prochain, afin de vous présenter les priorités politiques et notre organisation pour les mois à venir.

De nouvelles initiatives doivent être mises en œuvre très rapidement pour prolonger et amplifier notre campagne, en étroite liaison avec le Parti socialiste, dont nous vous transmettrons les modalités dans les tout prochains jours. Pour l’heure, nous vous invitons à retrouver la teneur des débats du 27 mars dans le lien indiqué ci-après : n’hésitez pas à faire circuler ses vidéos très largement !

 

Intervention de Martine Aubry :

http://www.dailymotion.com/video/xcqh2m_defendons-nos-territoires-intervent_news

 

Les interventions et tables rondes :http://www.dailymotion.com/playlist/x19xh2_PartiSocialiste_defendons-nos-territoires

 

Merci à tous, amicalement, Claudy 




 

 


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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 14:54

logo regionales 2010Il y a un temps pour savourer la victoire et puis un temps pour l'analyser. Nous sommes entre les deux. Je veux d’abord dire ici le plaisir que j'ai ressenti dimanche soir dernier à l'annonce de l'échec de la majorité présidentielle aux élections régionales. La « droite décomplexée » incarnée par Nicolas Sarkosy a vécu. Le Président est seul désormais. Ses chantres sont désemparés. Les vingt ministres et secrétaires d'Etat partis tambour battant de Paris à l'assaut des Régions françaises ont tous échoués.

 

Si la Droite a sauvé l'honneur en Alsace,  elle le doit à Philippe Richer, un homme du cru, déterminé, successeur d'Adrien Zeller, que j’ai bien connu à l’ADF. Si deux des quatre régions ultramarines, la Réunion et la Guyane, sont tombées dans l'escarcelle de l'UMP, c'est en partie du fait des divisions de la gauche et des promesses faites lors de ses voyages, en janvier et février dernier, par le Président lui-même à l'occasion du projet de fusion du Conseil Régional et du Conseil Général dans ces régions.

 

Diversité et proximité …

 

Partout ailleurs, la gauche rassemblée, plurielle et solidaire, démocratique, sociale et écologique, l'a remporté. En ce printemps 2010, cette gauche est rose, verte et rouge. Pour cette gauche unie, les résultats de mars 2010 sont meilleurs que ceux des précédentes régionales de mars de 2004. C'est de bon augure pour les Présidentielles de 2012 à la condition, comme l'a déclaré Cécile Duflot, d'être capable chacun de proposer un projet puis de rassembler sans nier la diversité de la Gauche. Dans ce processus, une étape devra ne pas être oubliée, c'est celle des cantonales de Mars 2011 qui sera suivie des Sénatoriales de Septembre. La gauche unie devra confirmer sa démarche en remportant pareillement une grande majorité des Départements et du Sénat. Cela signifiera vraiment alors l'émergence dans notre pays d'une démocratie des territoires, d'un contre-pouvoir territorial aux errements recentralisateurs qui peuvent s'emparer des appareils étatiques quels qu’ils soient. La forte abstention aux élections de dimanche dernier pourrait laisser croire que les français ignorent leurs institutions locales et les  avantages de la décentralisation . Pour ma part, je ne le crois pas. Au contraire, il me semble que ces élections traduisent une défiance grandissante vis-à-vis des prescriptions et des potions étatiques et, corrélativement, un regain d'intérêt pour les politiques de proximité.

 

Méfions-nous de nos réflexes…

 

Gardons-nous de trop penser, comme nous y invitent en permanence les grands médias nationaux (parisiens) que les solutions de sortie des crises de l'emploi, de l'environnement, de l'agriculture, du logement, de la solidarité, des finances publiques, etc, - qui inquiètent et dont souffrent une grande majorité des français- viendront demain de l'issue du combat de grands chefs ou encore de grands programmes nationaux concoctés par des experts surdiplômés. Dans l'esprit des français, cette ficelle est usée. C’est en partie à cause de cela que Nicolas Sarkosy et la majorité présidentielle viennent d'être désavoués.

 

Gardons-nous encore de diaboliser les électeurs du Front National dont le score a remonté. Une bonne moitié d’entre eux se compte parmi les ouvriers, les sans-grade, les démunis, les exclus, qui ne trouvent pas d’autres échos à leur désarroi que les chants du populisme national Lepeniste. Ceux-là sont dans l’insécurité et leur vote démontre qu’ils ne se laisseront plus prendre aux pièges et aux mensonges de  « l’Etat musclé » ou de « l’identité française » dans lesquels le Sarkozysme a cru pouvoir les attirer. La Gauche Unie devra demain aussi savoir écouter ces électeurs et leur parler.

 

En finir avec la réformite…

 

En fait, je pense qu’aujourd’hui Le Président Sarkozy et son gouvernement payent pour leur logique de petit clan au service d'une minorité de grands privilégiés et pour les gesticulations réformatrices destinés à la camoufler. La matrice du Sarkozysme, celle du Fouquet’s, n’a pas cessé depuis trois ans de fonctionner dans l’ombre et d’utiliser la tradition  jacobine et bonapartiste de notre pays pour décrédibiliser et détruire les grands acquis sociaux imaginées en 1945, la régionalisation et la décentralisation. La réformite aiguë qui a saisi notre pays depuis mars 2007 n’a eu pas d’autre fonction que de pilonner les bases de la solidarité nationale pour laisser libre champs à la loi du plus fort et au laisser-faire. Disant cela loin de moi l'idée qu'il ne faudra pas demain « réformer » notre pays. Il faudra même le contre-réformer, c'est-à-dire le libérer de la gangue de lois confuses et précipitées dans laquelle le sarkozysme l’a empêtré. L'une des premières « contre-réformes » devra porter sur le statut et la fiscalité des territoires car les politiques publiques locales concernent immédiatement le quotidien des français et ceux-ci commencent à découvrir qu'elles représentent près des ¾ de l'investissement public national.

 

Inventer ensemble…

 

La démocratie territoriale est en train de prendre un sens à leurs yeux. C'est l'Etat jacobin, technocratique et centralisateur qui est nu aujourd'hui. Nous n'avons que deux ans devant nous pour débarrasser de ses habits, de ses arrière-pensées et de ses prêts-à-penser et pour inventer les bases d'une république territoriale décomplexée et plus solidaire. La victoire de la Gauche Unie aux Régionales de dimanche ouvre cette voie. A nos Présidents de Région de s’y engager, à nous Présidents des Conseils Généraux, Présidents d’agglomération, d’intercommunalités et Maires de le faire aussi avant que les nuages sociaux qui s’amoncellent ne se transforment en orage au risque de faire de ce chemin un bourbier et que l’Etat Sarkozyste n’en profite pour renforcer son pouvoir…

 

Rester « juste »

 

Pour finir ce billet de printemps, je ne veux pas  passer sous silence une Réforme qui, elle, est vraiment historique, bien qu'elle ne nous concerne pas nous français. Cette Réforme est celle du système américain de santé. 32 millions d’américains vont enfin pouvoir se soigner et soigner leurs enfants sans avoir peur de mettre en péril leur quotidien, sans craindre d’y perdre le fruit de leur travail, de sombrer dans la pauvreté.  Vu de la France, cela nous paraît incroyable qu'une telle protection sociale pour tous n'existait pas aux USA. Barak Obama avait promis d'étendre cette protection à tous les américains. Il l’a fait. Il n’a eu de cesse d’aller à l’essentiel et de se battre pour cela. Ce Président est l’exact anti-thèse du notre. C’est un homme calme et volontaire qui, en permanence, essaye d’être juste et de servir  la justice.

Ce printemps 2010 rose, vert, rouge dans les Régions de France est aussi un printemps d’espoir de l’autre coté de l’Atlantique.

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 13:13

J'ai pris plus d'une semaine de retard dans la publication de mes notes ! Voici donc 3 réflexions : "Quelle justice ?", "Quelle industrie ?", "Quelle agriculture ?", datant du début  du mois. Mais auparavant juste un petit mot en ce lundi 15 mars ! La liste socialiste conduite par Jean Yves Le Drian a remporté une belle victoire en Bretagne et je suis particulièrement fier que, dans mon canton de Jugon-les-lacs, 48 % des électeurs s'y soient ralliés. Je reviendrais ici, à l'issue du deuxième tour sur ces élections régionales...



balance justiceQuelle justice ?

 

L’avant-projet de réforme du code de procédure pénale va être soumis pendant deux mois à l’appréciation des magistrats, des avocats et des parlementaires.  Parmi les dispositions que le gouvernement ne souhaite pas négocier, il y a la suppression du juge d'instruction. Ses pouvoirs seraient donnés au procureur qui deviendrait ainsi titulaire du pouvoir d’investigation à charge et à décharge. Hors la Cour européenne des droits de l’Homme  (CEDH) ne considère pas, qu'en France, le Parquet - dont dépend le Procureur- est indépendant. Certes, le projet de réforme prévoit un "droit de désobéissance" permettant à ce nouveau procureur de ne pas suivre demain un ordre du ministère de la justice. Mais comment imaginer qu’un magistrat du parquet  ira demain contre une décision de la Chancellerie qui peut conditionner sa carrière ! Le projet prévoit aussi la création du juge de l'enquête et des libertés qui remplacerait le juge des libertés et de la détention. Ce nouveau juge disposerait d’un pouvoir de contrôle sur les investigations du parquet et d’un pouvoir de contrainte pour faire poursuivre une enquête que le parquet voudrait classer.  Mais qui nommera ce juge et quels seront ses moyens ?  Les français considèrent le juge d'instruction soit comme quelqu'un de puissant qui peut faire condamner des innocents comme dans l'affaire d'Outreau, soit comme un David qui peut s'attaquer aux Goliath dans les affaires politico-judiciaires. Le citoyen a aujourd’hui le choix de lui accorder ou non sa confiance. Demain, il ne l’aura plus. Le gouvernement dirigera en direct la Justice. La confiance que les français plaçaient encore un peu dans la justice de  leur pays sera dissoute par la nouvelle usine à gaz judiciaire que le gouvernement veut mettre en place pour assoir durablement le pouvoir sarkozyste.

 

delocalisation a4nb1Quelle industrie ?

 

La France peut-elle rester une puissance industrielle dans une économie mondialisée ? « Oui, si vous croyez en moi ! » a déclamé en substance Nicolas Sarkozy à Marignane le 4 mars. Comme à l'habitude, le Président multiplie les objectifs et les dispositifs: d’ici à 2015 augmentation de la production industrielle de 25 % en volume, retour à une balance commerciale industrielle positive, création d'un médiateur de la soutraitance, etc, etc. Sa posture colbertiste, ses accents gaullo-pompidoliens n'illusionnent plus personne...

En 10 ans, la France a perdu 500 000 emplois dans l'industrie. Le déficit de la balance commerciale industrielle s’est dramatiquement creusé. La part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale est tombée à 16 % contre 30 % en Allemagne. Par ailleurs, les investissements et la production industrielle s’effondrent inexorablement.  Les récents Etats généraux de l'industrie ont identifié sept grands domaines dans lesquels la France dispose d'un avantage compétitif de départ, de positions fortes ou à reconquérir. Y figurent le numérique, l'énergie, les transports, les matériaux innovants, la pharmacie, le luxe et l'agroalimentaire. Vouloir encourager les industriels de ces secteurs à se structurer en véritables filières,  favoriser des relations plus équilibrées entre grands groupes et sous-traitants, renforcer les passerelles entre l'industrie et la recherche, créer des liens plus forts avec l'appareil de formation, etc, toutes ces potions ne sont pas nouvelles ! Dans ce domaine, faire plus que ce qui a été fait depuis 20 ans avec les pôles technologiques et les pôles de compétitivité, est-il possible ? La crise réhabilite l’interventionnisme étatique dans l’économie mais la question est posée de savoir si l’Etat est aujourd'hui le plus habilité pour accompagner la transformation de la production de valeur ajoutée dans notre pays et s’il a les moyens d’arbitrer entre les objectifs de maintien de l’emploi et la compétitivité des entreprises. D'ailleurs, a-t-il encore d’une part le savoir pour désigner des secteurs, des entreprises ou des technologies stratégiques et d’autre part le pouvoir de les soutenir dans la durée alors que les assureurs et les banques se désinvestissent de l’industrie dont les taux de retour sont trop longs au regard des investissements financiers et spéculatifs ?

Le vrai défi est, me semble-t-il, aujourd’hui de permettre la création d’écosystèmes territoriaux innovants et autonomes, mobilisés humainement, collectivement et financièrement,  pour faciliter l’émergence de TPE et de PME ayant le souci de participer à une économie locale suffisamment résiliente pour avoir sans vergogne le marché mondial en ligne de mire. Pour cela et pour entrer franchement dans une économie de la connaissance irriguant le territoire, pour transformer la vision que nous avons localement et globalement de l'industrie, il eut fallu une autre réforme territoriale, une autre relance économique, plus décentralisées, plus proches des entrepreneurs de demain. Comme le suggère Frédéric Lemaître dans son éditorial du « Monde » du 6 mars, la France a certes besoin de « jobs » mais c'est surtout de Steve Jobs (patron d'Apple) dont elle manque. De ce point de vue, la vision industrielle de Nicolas Sarkozy est archaïque. Pas plus que les territoires, l'Etat n'a la compétence générale pour accompagner les innovateurs et pour inventer avec eux les industries de demain. Bien au contraire, le soutien le plus sûr viendra des régions et des collectivités locales pour innover dans ce domaine comme dans d’autres….

 

VacheQuelle agriculture ?

 

Le Salon de l'agriculture 2010 est à marquer d'une pierre noire. L'extrême volatilité des prix agricoles a réduit de 34 % le revenu moyen des agriculteurs en 2009 après une baisse de 20 % en 2008. Selon la Mutuelle Sociale Agricole, plus de 75 000 agriculteurs seraient éligibles au revenu de solidarité active. De fait, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à déposer des dossiers de RSA (revenu de solidarité active) auprès des caisses de la Mutualité sociale agricole (MSA). Au 31 décembre 2009, 40 271 demandes ont été enregistrées par la caisse nationale, dont près de la moitié (16 241) émanait des exploitants agricoles non salariés. Un dossier sur trois seulement a été retenu.

Pour les spécialistes du monde agricole, les conséquences sociales de la crise agricole sont devant nous.  Une toute petite partie de l'iceberg est aujourd'hui visible. Le directeur de l'action sociale de la MSA dresse un panorama du désarroi qui sévit dans nos campagnes: « Il y a ceux qui vont arriver à passer le cap de cette période difficile et pour lesquels le RSA va jouer vraiment un rôle d'amortisseur social. Il y a ceux qui arriveront à s'en sortir uniquement si leurs conjoints arrivent à trouver une activité extérieure qui permettra de compléter les revenus du ménage. Enfin, il y a ceux que nous allons devoir aider à faire leur deuil de l'agriculture et à en sortir avec dignité ».

Dans les Côtes d'Armor , l’agriculture et l'agro-alimentaire sont la première richesse économique. A la place qui est la nôtre, celle d’élus locaux, nous sommes certes encore en mesure d’apporter des aides en relation avec nos politiques d’accompagnement et de soutien à l’agriculture. Mais nous sommes aussi conscients qu'il nous revient de faire comprendre à tous que les agriculteurs vivent un drame personnel équivalent à celui subi par les travailleurs dans les cas de chômage partiel,  de fermetures d'usine et des délocalisations. Les solidarités locales vont devoir d'autant plus être organisées que la solidarité  nationale va trouver ses limites.

Venu enfin, presque en catimini, le dernier jour, avant l'ouverture au public de ce 47 ieme salon de l'Agriculture, Nicolas Sarkozy, a encore promis aux agriculteurs et éleveurs déjà surendettés 800 millions de prêts bonifiés supplémentaires venant s'ajouter au 650 millions déjà promis en octobre. Il mettra, dit-il, tout son poids dans la balance, pour que la régulation des marchés agricoles soit à l'ordre du prochain G20 et pour que la révision de la PAC prévue en 2013 donne un horizon plus stable à l'avenir de l'agriculture française. Mais quel poids a le Président de la République française sur le marché agricole mondiale ? Faut-il par ailleurs encore imaginer que la France puisse avoir une place dans la production agricole de masse à laquelle Nicolas Sarkozy se réfère encore en faisant fi du Grenelle de l’Environnement ?

Faut-il demain nous nourrir de la même façon que nous l'avons fait au cours de ces 30 dernières années ? Au-delà, de la solidarité et de l'humanité que nous devons aux hommes et aux femmes qui ont nourri la France d'hier, nous avons le devoir de concevoir avec eux un nouveau modèle d'agriculture durable, écologique, éthique et à haute valeur ajoutée. Ce sont de nouvelles filières d'ingénierie écologique terrestre, forestière et agro-alimentaire, mais aussi marine, et de nouveaux circuits de distribution qu'il nous faut créer. L'avenir des activités nourricières de la France et donc de nos campagnes et nos zones rurales dépendra tout autant du modèle global du « mieux manger pour mieux vivre » pour lequel nous opterons collectivement que des promesses de régulation du marché mondial. L'avenir agricole français est de ce point de vue plus sûrement qualitatif que quantitatif, tout autant local que national, européen ou mondial. C'est un modèle de vie et d'intelligence avec le vivant que la France a demain à exporter dans le monde au travers des produits agricoles qu'elle offrira et consommera, ce n'est pas un modèle économique de production. Une majorité des agriculteurs comme des pêcheurs est aujourd'hui convaincus que c'est que le concept même de « l'exploitation » de la terre, de la mer et du vivant qui est remis en cause alors que l'organisation économique des marchés les contraint à poursuivre cette exploitation au point de « s'exploiter eux-mêmes ». Le monde agricole ne peut pas être laissé seul face à ce dilemme qui nous concerne tous. Là aussi le sursaut viendra des collectivités territoriales qui cultivent une approche spécifique de cette activité au regard de leur réalité, de leur climat, de la nature. Par exemple que les régions gèrent les finances de la PAC ! En Bretagne ce sont 580 millions qui seraient ajoutés au budget du Conseil Régional.

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 23:42

Tempête (Toyot)Tempête et séisme

Je ne souhaite pas mettre en ligne mes notes de la semaine dernière sans m’associer à la peine des victimes de la tempête Xynthia qui a ravagé ce week-end, du Sud-Ouest au Nord-Est, toute une partie de notre pays et de l’Europe. Ma compassion va tout particulièrement aux familles qui ont perdu un des leurs en Vendée, en Charente-Maritime, en Loire-Atlantique, dans les Pyrénées-Atlantique, en Haute-Garonne, dans l’Yonne, mais en encore dans la Région de Porto, en Galice, en Allemagne et en Belgique. Le littoral Vendéen et Charentais a été le plus marqué par la mort, la destruction et la désolation. Les Côtes d’Armor ont été touchés mais dans une moindre mesure. Les images de l’Aiguillon-sur-mer et de la Faute-sur-mer me rappellent celles de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans. A cette dévastation s’ajoute ce week-end celle du Chili par un séisme d'une rare violence suivi de tsunamis. Là bas, les morts se comptent pour l’instant par centaines, les blessés par milliers, les sinistrés par millions. Bien que je sache que ces catastrophes naturelles ne sont pas des exceptions à l’échelle des temps longs, elles ne cessent de m’interroger sur les rapports de l’homme à la nature et sur les politiques qui doivent en découler. Nous sommes loin ici du court-termisme qui caractérise souvent notre vie politique et qui préside trop à nos décisions. A la lumière  de ces tempêtes et séismes, les quelques réflexions politiques qui suivent me paraissent en partie déconnectées de la réalité.

 

urneVICTOIRE ACQUISE  ?


Sondages, sondages…

Plusieurs sondages récents font état d'un décrochement de l’opinion en faveur de Nicolas Sarkosy. Pour l'IFOP, l'ancien premier ministre Dominique de Villepin creuse l'écart en recueillant 57% d'opinions positives là où, son rival, le chef de l'Etat n'en recueille désormais que 38%. Corrélativement cette impopularité croissante du Président de la République y compris jusqu'au sein de sa majorité et des milieux d'entreprises, pourrait suggérer un vote sanction aux prochaines régionales et laisserait espérer une défaite significative pour la droite. Toujours pour l'IFOP, le PS est crédité de 29 % des voix au premier tour, l'UMP de 29,5 % et Europe Ecologie de 11 %. La victoire de la gauche aux Régionales se construit jour après jour dans une campagne déséquilibrée tant la droite est aux abois. Dans la foulée, les premières prédications pour les Présidentielles de 2012 sont apparues et font miroiter qu'un candidat socialiste et un seul, Dominique Strauss-Kahn, pourrait alors battre Nicolas Sarkosy si ce dernier se représente dans deux ans. Au soir de du 21 mars 2010, si la France des Régions s'avère totalement à gauche, la campagne présidentielle démarrera certainement sur les chapeaux de roue. Faudra-t-il alors se réjouir ouvertement de cette victoire ? Je n'en suis pas certain et je m'inquiète pour plusieurs raisons.

L'effet sanction

La première tient au fait que cette victoire résulterait pour partie d'un vote sanction de la politique et de la personnalité du Président de la République. Cette sanction sera à mes yeux méritée cependant elle masquerait une fois de plus  les enjeux politiques de la régionalisation, de la décentralisation et du devenir des territoires français. Cette victoire ne serait qu'une reconnaissance timide de la capacité de gouverner des élus territoriaux socialistes et républicains. En Bretagne, comme dans les autres régions, on observe sur le terrain, que la campagne pour les régionales intéresse mais ne passionne pas les citoyens. Sur les marchés comme dans les réunions, les militants témoignent qu'une abstention majeure se profilerait, que les électeurs qui se déplaceront le feront peut-être que pour le principe. Plus grave, la grande majorité s'interroge encore sur le rôle des Conseils Régionaux et les compétences de la Région.

Quelle victoire pour quel contre-pouvoir ?

La réforme territoriale voulue par le Président de la République conjuguée aux effets de la crise économique sur les finances locales ajoute à la confusion, à la perplexité voire au désintérêt des électeurs pour ces régionales 2010. Or depuis 2004, il y a 6 ans, nous les socialistes avec nos partenaires écologistes et de la gauche, nous étions à la tête des Régions et d'une majorité de Départements. Il faut nous interroger sur ce désintérêt passager des électeurs. Qu'avons-nous fait concrètement, en profondeur, dans la durée, pour faire valoir et expliquer les enjeux politiques de la décentralisation, de la démocratie territoriale, et pour oser inventer avec les citoyens une République nouvelle composée de territoires maîtres de leurs destins et moins inféodés à l'Etat centralisateur parisien ? Quel contre-pouvoir territorial actif et créatif avons-nous exercer ? Oser inventer, par les territoires eux-mêmes, une 6ieme République territorialisée porteuse d'un nouveau modèle de développement écologique, économique et social, me paraît être l'urgence qui attend demain les socialistes. Etre élu demain par sanction ou par défaut de son adversaire ne doit surtout pas nous satisfaire. C’est certes une victoire mais une victoire en demi-teinte.

Tous les mêmes ?

La seconde raison qui me fait m'interroger sur les suites à donner à la victoire probable de la Gauche aux Régionales vient du fait que les sondages actuels révèlent aussi que les français ne pensent pas qu'actuellement les socialistes feraient mieux au pouvoir que Nicolas Sarkosy. Ceux qui vont voter à gauche vont le faire sans croire ni adhérer aux discours, aux convictions et aux projet de ceux qu'ils vont élire à la tête des Régions. "Tous les mêmes !", "On ne sait plus à quels saints se vouer !".Voilà ce que l'on entend sur le terrain à l'adresse des candidats la Gauche ou de la Droite ? Attisée par les sondages et les média, la campagne pour les Présidentielles de 2012 pourrait donc démarrer dans la foulée des Régionales avec d'une part une droite qui va se diviser sous les coups probables des Villepinistes et d'une partie de l'UMP qui ne supporte plus les foucades élyséennes, et, d'autre part une gauche fragmentée et un PS dont les braises des ego sont toujours chaudes.

Les marrons de l'incendie…

Je crains que nous entrions alors dans une période socialement confuse et politiquement incertaine, d'autant que la crise économique se poursuit et qu'elle peut s'aggraver rapidement par de nouveaux mouvements spéculatifs de toute nature. Chacun à son niveau, Etat, institutions, collectivités, entreprises, associations, particuliers, est tenté aujourd'hui de "tirer les marrons du feu avant qu'ils ne soient carbonisés". Par ailleurs, contrairement aux affirmations au début de ce mois du Président de la République, le chômage s'étend gravement. La probabilité qu'une explosion sociale ne se déclare brusquement dans les prochains mois n'est pas à écarter.

Du sang et des larmes, pour quoi ?  

Est-ce cette fois par pur calcul politicien que le Président de la République vient de donner un coup d'accélérateur à sa politique d'ouverture en nommant cette semaine Didier Migaud, Premier Président de la Cour des Comptes et Michel Charasse au Conseil Constitutionnel ? Est-ce un hasard si immédiatement ensuite il demande à Jacques Attali de réunir de nouveau sa Commission et que celui-ci prend sur les ondes un ton Churchillien pour dire "que la France va dans le mur en klaxonnant, que le chômage va s'accroître encore, qu'une mobilisation générale est impérative" et pour promettre du sang et des larmes. ?

Le spectre du salut public …

Je pense qu'une dislocation politique et institutionnelle est à l'œuvre et va s'accélérer après les régionales 2010. Elle est lié à l'essence ultra-libérale de la politique de Nicolas Sarkosy. L'ex-vice Président du Medef, Denis Kessler, dans son éditorial "Adieu 1945" de Challenge d'octobre 2007, l'avait décrite. Au nom des vertus prêtées au Marché mondial, il s'agit en France de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de La Résistance et tout ce qui a été mis en place entre 1945 et 1952: paritarisme, fonction et services publics, sécurité sociale, droits du travail, mécanismes de solidarité, etc. A mi-mandat, Nicolas Sarkosy et son gouvernement sont à mi-parcours de cette œuvre de destruction. La  profondeur et l'ampleur de la crise économique et financière vont leur permettre de la parachever en se parant de la toge du Salut Public" pour affronter la tempête sociale qui menace.

Responsabilités historiques

Les deux années qui s'ouvrent devant nous vont sans doute voir tous les parangons du technocratisme centralisateur, y compris ceux qui ont été autrefois socialistes, être tentés de se rallier à ce bonapartisme renaissant pour sauver leur mise ou leur carrière. Plus que jamais sera alors nécessaire pour tous les démocrates républicains de s'appuyer sur la démocratie territoriale et sur les élus territoriaux pour inventer un nouveau contre-pouvoir et surtout, dans la proximité avec les citoyens, les nouvelles politiques publiques de solidarité mais encore de liberté, d'égalité et de fraternité. La responsabilité des nouveaux Conseils Régionaux et de leur Président qui vont être élus en mars 2010 va être historique. Celle des Conseils Généraux actuels et de ceux qui seront élus en mars 2011 ne l'est et ne le sera pas moins. J'en fais partie...

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 15:56

 

Nelson-Rolihlahla-MANDELA

Exemple !
 

 

J'aurai souhaité parlé ici de la relaxe de Dominique de Villepin dans l'affaire Cleastream, du mouvement profond de protestation qui commence à s'emparer conjointement des enseignants, des parents d'élèves et des élèves en Seine Saint-Denis, des mauvais calculs de Mme Fadela Amara dans le domaine de la politique de la Ville mais le temps manque et je veux pas en ce mois de février 2010, oublier de dire mon admiration immense pour un grand homme politique vivant actuellement. Je pense bien sûr à Nelson Mandela, libéré le 11 février 1990 après 27 ans d'emprisonnement, il y a tout juste vingt ans. Icône de la lutte anti-apartheid, créateur de la nation arc-enciel, cet homme symbolise à lui tout seul, mondialement, l'espoir, la liberté et la démocratie mais aussi l'intégrité et l'intelligence des autres et de l'histoire. Nelson Mandela enseignait à ses codétenus trois principes essentiels pour bien agir en politique: Ne jamais se précipiter pour prendre une décision, très bien connaître son adversaire et toujours consulter tout le monde. L'exemple de cet homme a marqué mon parcours politique. Je pense avoir toujours essayé d'appliquer en toute choses ces trois principes. Je ne suis pas le seul. Il faut nécessairement persévérer pour tenter de mieux faire.


Chaise vide…

 

Mes aspirations politiques sont humanistes et ancrées dans le socialisme et le pragmatisme. En conséquence, j'ai toujours cherché à être un homme d'écoute de dialogue. En quête de consensus, je ne refuse jamais le compromis s'il permet de faire reconnaître ou progresser mes idéaux . Laisser ma chaise vide à une table de concertation ou de négociation n'est donc pas dans mes habitudes. Le 28 janvier, en tant que Président de l'Assemblée des Départements de France, je l'ai pourtant fait en ne participant pas à la Conférence du déficit public organisée le jeudi 28 janvier 2010 par le Président de la République. Le Président de l'Association des Régions de France a fait de même. Cette décision était politique. Elle ne dérivait pas d'un quelconque calcul politicien ou d'une posture partisane comme certains ont souhaité le faire croire. En laissant ma chaise vide, je souhaitais avant tout signifier que les départements ne sont responsables en rien de l'ampleur du déficit public et que sa gravité et ses conséquences pour les français méritaient autre chose qu'un séminaire elyzéen organisé le jour même du verdict de l'Affaire Clearstream. Il était certain que cette actualité allait couvrir et rendre inaudibles pour le grand public, les arguments qu'un grand nombre d'élus territoriaux de tout bord politique oppose à la réforme territoriale et à la politique de recentralisation conduites par le Président de la République. Gouverner ce n'est pas gérer au jour le jour l'agenda médiatique pour noyer le poisson…

 

 Manœuvre !

 

Le débat sur l'identité nationale vient-il d'être enterré en "petite pompe" par une série de mesurettes comme beaucoup le disent ? Pourquoi avait-il été ouvert et est-il vraiment refermé ? Le Président de la République et sa "fine lame" Eric Besson ne connaissaient-ils pas l'immense historien qu'était Fernand Braudel ? Son œuvre sur "l' identité de la France" comprend deux tomes qui totalisent 1182 pages. Des années de travail érudit pour renoncer à donner une définition, pour avouer que cette identité est "un amalgame, des additions, un mélange" en perpétuel transformation, pour remarquer aussi que la question de l'identité française ne resurgissait qu'aux très grandes crises: après les guerres de 1870, de 1914-1918, durant l'Occupation puis après la Libération en 1944-45. Nous ne sortons pas d'une guerre. La crise et les inégalités économiques sont certes graves mais la France n'est pas idéologiquement divisée. En novembre 2009, Hervé Le Bras, démographe et historien, a crié au loup: "Attention, Manœuvre !". Sous le débat de l'identité nationale expliquait-il, sont dissimulés ceux sur la nationalité française et  la recherche de critères qui permettraient d'en limiter l'acquisition. Dans ce domaine, les lois Sarkozy–Hortefeux sur l'immigration ont déjà réduit les possibilités d'unions mixtes entre français(es) et étrangers(ères). Par ailleurs, ces lois s'appliquent tous les jours un peu plus durement. Les expulsions touchent désormais le monde étudiant  (comme en témoigne l'expulsion le 11 février de Achraf El Ouanzi, étudiant marocain, placé en rétention en Janvier, parce que son passeport et son visa étaient arrivés à expiration) mais aussi les scientifiques. Ainsi Farzaneh Sheidaei, jeune et brillante, astrophysicienne iranienne devait quitter la France le 13 février. Je redoute que le débat sur l'identité française ait été une sorte de tour de chauffe pour jouer sur la peur de l'étranger avant les élections régionales et qu'il réapparaisse, se révèle sous sa vraie nature (la question de la nationalité) et monte en puissance dans la perspective des Présidentielles de 2012. Un mouvement d'ethnicisation de notre pays est d'autant moins à écarter qu'il y irait de pair avec la politique sécuritaire et qu'il trouverait dans la poursuite de la crise économique et de la montée du chômage un écho amplifié.

 

         Souffrance…

 

Notre pays souffre profondément de la crise. Les chiffres portant sur l'ensemble de l'activité en 2009 commencent à tomber. Le PIB français a connu un recul historique depuis la fin de la seconde guerre mondiale (-2,2%) et 412.000 emplois ont été détruits sur l'année dont 56.500 au quatrième trimestre. Comme ne cessent de le répéter de nombreux économistes, le rebond du quatrième trimestre (+0,6%) 2009 ne doit pas nourrir des illusions pour 2010. L¹investissement des entreprises a reculé (-1,2%). Le solde du commerce extérieur se détériore (-0,7%) pour atteindre un déficit quasi-historique malgré le recul des échanges en 2009 (notamment des importations d¹énergie). La production industrielle recule de nouveau en décembre 2009 (-0.8% pour l¹industrie manufacturière). La progression de la consommation des ménages (+0,9%) s¹explique par les achats d¹automobiles (+8%), liés à l¹arrivée à échéance de la prime à la casse. (les constructeurs  s' attendent cette année à une année noire  avec un recul de 8 à 10 % du marché européen. La consommation risque donc de se tasser, le chômage de continuer à augmenter avec des risques de désinflation. Dans ce contexte où semble se mettre en place toutes les composantes d'une nouvelle spirale dépressive, le plan de rigueur budgétaire d¹une ampleur jamais connue par la France annoncé par le gouvernement dans le programme de stabilisation transmis à la commission européenne apparaît aberrant. Il agit sur la diminution des dépenses publiques, sociales et des collectivités locales, au risque de démanteler les services publics et le système de protection sociale, qui ont pourtant permis d¹amortir les premiers effets de la crise.


 

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 14:39

Le bon docteur

Gouverner par la compassion, est-ce possible ? Cette semaine, sans en avoir l'air, sur TF1, Nicolas Sarkozy a renoué avec une vieille pratique remontant aux rois mérovingiens: le toucher royal soignant les écrouelles. Jean Pierre Pernaut, en grand chambellan de la Cour, avait réuni autour du Président, onze français représentant les souffrances qui rongent notre pays. Le Président s'est alors employé avec compassion à les convaincre qu'il allait les soigner personnellement comme au Moyen-Age les rois touchaient les malades scrofuleux et leur faisait croire ainsi à la guérison. Autant les hommes et les femmes qui ont participé à cette mise en scène ont été dignes, sincères et, me semble-t-il, lucides, autant le Président de la République m'est apparu comme un habile vendeur de remèdes-miracles . Comment ce Président peut-il en effet être si convaincu qu'il gouverne bien ? Tout témoigne à mi-mandat que c'est l'inverse. Il ne cesse d'inventer de nouvelles lois inapplicables, il creuse la dette publique et ne cesse d'intoxiquer les français à coups de chiffres erronés.

 Trop de lois tue la Loi . Tous mes amis parlementaires confirment l'enquête du journal le Monde selon laquelle le Parlement est en train de crouler sous une pluie de projets de lois décidés " à la va comme je te pousse", qui sont mal ficelés, mal écrits, rédigés au gré des coups médiatiques calculés par l'Elysée. La censure par le Conseil Constitutionnel de la taxe carbone et la remise en cause cette semaine de la loi de Mars 2009 supprimant la publicité sur France Télévision, n'en sont que des illustration parmi d'autres. La situation est telle que Lionel Luca, député (UMP) des Alpes-Maritimes a déclaré au Monde: "On a une impression de bricolage afin de satisfaire l'ogre médiatique. Comme si la politique avait pour fonction de mettre le café du commerce en ordre juridique." La frénésie de ce Président va faire couler notre pays sous le poids des "monstres juridiques" qu'il crée à tour de bras pour masquer son impuissance politique à le faire changer. Je prédis que les quatre textes de loi sur la Réforme Territoriales ne feront qu'ajouter à la confusion qui gagnent les citoyens, les parlementaires et les élus territoriaux jusque dans la majorité.

La dette publique est un autre exemple de cette "mal gouvernance" Nicolas Sarkosy a voulu organiser le jeudi 28 janvier une Grande Conférence sur ce sujet à l'Elysée. J'ai décidé ne pas y assister en tant que Président de l'Assemblée des Départements de France . (voir http://www.departement.org/jsp/index.jsp ) Cette conférence n'a en effet pas d'autre objet que d'être une nouvelle mise en scène destinée à faire croire aux Français, mais aussi à Bruxelles, que les collectivités locales sont aussi responsables des quelques 1400 milliards de la dette publique française. C'est scandaleux d'associer les Régions, les Départements, les Communes à cette dette abyssale et dangereuse. Nous, les collectivités locales, nous sommes tenus d'équilibrer la section de fonctionnement de notre budget. Quand nous empruntons , ce n'est pas pour financer des dépenses courantes mais pour investir dans le développement des territoires. Ainsi au troisième trimestre 2009, selon l'INSEE, l'Etat et ses administrations étaient responsables de plus de 87 % de la dette publique, contre 9,71 % pour les collectivités territoriales et 3,26 % pour les organismes de sécurité sociale. Nous n'avons donc pas à participer à cette Conférence et, personnellement, je n'ai aucune leçon de gestion à recevoir de dirigeants étatiques dont l'obsession est de faire porter le chapeau de la mauvaise gouvernance à d'autres, surtout lorsque, fin 2009, l'Etat doit déjà, pour les seules allocations de solidarité nationale 9 milliards d'euros, à l'ensemble des Départements et pour les Côtes d'Armor 56 millions d'euros depuis 2002 auxquels vont s'ajouter 26 millions fin 2010 !

Qui gouverne mal ? Lundi prochain, au Conseil Général des Côtes d'Armor aura lieu le DOB, le Débat sur les Orientations Budgétaires. Il s'agit d'un rendez-vous incontournable de la vie démocratique de mon département. Ce débat permet de mettre en perspective nos choix budgétaires et politiques. Pour la première fois, il se déroule en février, à une date à laquelle nous votons généralement le budget primitif. Ce recul du calendrier budgétaire est directement lié aux nombreuses incertitudes induites par les réformes fiscales et institutionnelles décidées par ce gouvernement. Celles-ci portent un nouveau coup dur à l'autonomie fiscale de tous les départements. Elles plongent nos finances dans une situation d'autant plus alarmantes que l'accroissement des dépenses sociales, l'insuffisante compensation des compétences transférées, la désindexation des dotations de l'Etat, et la crise financière et économique d'une ampleur exceptionnelle menacent l'équilibre notre budget. Quand je mesure le temps et le travail nous avons déployé depuis plusieurs mois maintenant avec l'ensemble de mes collègues conseillers généraux et les services du Conseil Général pour évaluer les conséquences de la moindre décision de dépenses sur l'équilibre de ce budget mais aussi et surtout sur la vie des Costarmoricains, alors je peux assurer que si quelqu'un gouverne mal dans ce pays, ce ne sont pas nous les collectivités locales,...

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 17:01

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Emplois publics: Le gouvernement prévoit de supprimer pas moins de 34 000 postes dans la fonction publique en 2010 (ce qui porte la suppression à 100 000 depuis 2007) alors qu'il sait que 1 million de demandeurs d'emploi vont perdre leurs droits au chômage pendant la même année. Cette suppression massive de postes  est par ailleurs dénoncée comme une erreur économique et sociale dans le dernier rapport de la Cour des comptes. Dans les années à venir, la France va avoir besoin de plus d'enseignants, d'infirmiers, de travailleurs sociaux, d'agents de police, d'enseignants, de fonctionnaires,… D'un coté, on argue que, face à la crise, la France a mieux résisté que les autres pays du fait du rôle de son secteur public et de son système de solidarité et, de l'autre, on le sape en continuant d'appliquer "le new public management" néolibéral que je dénonçais dans un article précédent. Double-discours !

Le scandale Proglio: Avant hier, pourfendeur des parachutes dorés et chantre de la moralisation du capitalisme et de la taxation des traders, Nicolas Sarkosy ne trouvait jusqu'à hier rien d'anormal à permettre à son ami Henri Proglio de cumuler des fonctions à la tête d'une entreprise publique EDF et d'une entreprise privée Veolia. Dans son esprit deux super-rémunérations étaient méritées. Mais la France s'est mise à gronder et Henri Proglio a été obligé de renoncer à sa rémunération de Véolia (450 000 €/mois environ 450 smic net). L'hyperprésident va-t-il se rendre compte maintenant que l'immoralité demeure dans les 13 millions € que Henri Proglio touchera cependant de Véolia lorsqu'il partira en retraite (source le Parisien). Pour un département, 13 millions d'euro, c'est presque le coût de la construction d'un collège neuf ! Encore une preuve que, sous le régime sarkosyste, tout et son contraire peuvent se dire, se faire et être camouflé tant que le peuple ne gronde pas.. Michel Rocard déclare en substance ce sujet: Attention, l'économie de la cupidité est en train de devenir intolérable pour les français. Le risque politique peut devenir terrifiant. Il a cent  fois raison. Pour ma part, je ne conçois pas que l'on puisse diriger une entreprise publique et une autre privée (d'autant plus que EDF et Véolia peuvent être en concurrence). On ne pourra pas faire croire à grand monde qu'il n'y a qu'une personne en France capable de diriger les deux. Illusion !

Les conseillers territoriaux: Pour calmer la fronde, grondante elle-aussi, des élus territoriaux de tous bords contre sa Réforme Territoriale pareillement, le Président et son gouvernement jouent au bonneteau. Le projet de loi initial a ainsi été scindé en quatre textes. Le premier, le projet de loi sur la concomitance du renouvellement des mandats de conseillers généraux et de conseillers régionaux, adopté par le Sénat le 16 décembre dernier est arrivé en discussion à l’Assemblée Nationale le 19 janvier. Les parlementaires sont ainsi consultés sur des changements de dates d'élection qui permettront la désignation des «conseillers territoriaux », nouvelle catégorie d’élus qui n'existe pas encore ! Quel art dans la manipulation du Parlement mais quel mépris aussi ! "Le Conseiller Territorial", nouvel homo sarkozis-politicus, sorte d'avatar d'une nouvelle république recentralisée, est en train de naître sous nos yeux d'une manipulation qui n'est pas génétique comme dans le cas du fantastique film de James Cameron, mais vulgairement politicienne. Il n'est pas du tout certain que cette création soit constitutionnelle. Espérons que "ces conseillers territoriaux" resteront des avatars, des petits hommes bleus venus d'une autre planète et qu'ils y retourneront sans convaincre personne. N'est pas Cameron qui veut !

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 16:57

Affiche OcéansCe soir 21 janvier 2010, à 19 h, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, présentent en avant-première leur film "Océans" en Côtes d'Armor à Trégeux. Il y a un an, les "Films Galatée" m'avait demandé s'il était possible que les Conseils Généraux de Bretagne soutiennent la finalisation de la fantastique aventure qu'a été la production de ce film exceptionnel. Avec l'ensemble de conseillers généraux du Département, je suis fier que les Costarmoricains aient pu contribuer à cette oeuvre magnifique. La découvrir 6 jours avant sa sortie mondiale est aussi une première pour notre département 

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Reportage

Reportage du Courrier des Maires lors du Congrès de l'ADF 2010 à Avignon !

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REFORME TERRITORIALE

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Claudy Lebreton au Festival d'Avignon
de Juillet 2010

Economie turquoise !

(extraits de discours pour la remise du Prix scientifique " Christian Le Provost, Océanographe" le 23 octobre 2009)

Du fait de mes origines, de mon enfance, des activités et des passions qui ont été les miennes jusqu'à maintenant, je suis obligé de dire que je suis un terrien. Je suis quelqu'un qui ressent, réfléchit et pense la nature et la destinée des hommes en ayant les deux pieds sur terre. Comme beaucoup, pendant très longtemps, je n'ai conçu "l'immensité bleue", la mer, que vue de la terre ou en vue des terres.

Cependant, depuis une dizaine d'années environ, j'ai acquis la conviction que ce sont la mer et les océans qui vont redonner du sens et de l'espoir à l'humanité et lui offrir une nouvelle chance.  Dans son essai "Regards sur le monde actuel", dés 1931, Paul Valéry a prophétisé que "Le temps du monde fini commençait". 80 ans plus tard, beaucoup de faits lui donnent pleinement raison: le bouleversement climatique sous l'effet des gaz à effet de serre, la pénurie prévue de l'eau, l'épuisement annoncé dans les proches décennies de nombreuses matières premières à commencer par le pétrole mais aussi la crise alimentaire annoncée sous la pression démographique, la disparition des forêts tropicales, le recul accéléré de la biodiversité, etc,.

Mais si l’ère des terres vierges et des territoires libres est close, comme le pensait Valery, la planète est-elle pour autant totalement connue par les terriens que nous sommes ? Certainement pas ! Nous négligeons toujours une évidence, à savoir que notre planète ne devrait pas s'appeler "Terre" mais "Océan". Les mers et les océans couvrent 71% de la surface de notre planète. Terriens, nous avons croire que tout était poussière et retournerait à la poussière, or en vérité, pour ce qui constitue le vivant, tout vient de la mer et y retourne. La mer est la matrice de la création et nous avons sa mémoire dans le sang.

"C'est par la mer qu'il convient de commencer toute géographie" a écrit Jules Michelet". Pendant des siècles, nous avons vogué vers des terres inconnus, voulu voler vers des astres inconnus, je pense à la lune ou encore à Mars, en espérant les fouler de nos pieds, sans comprendre que l'inconnu primordial est notre espace océanique. L'homme n'a exploré que 5 % des océans. Les abysses constituent le plus vaste habitat de notre planète.

Est-ce pour nous rappeler à l'ordre marin de nos origine et de la nature, pour nous faire comprendre qu'ils ne sont ni des espaces sans limite de chasse-cueillette, ni les poubelles de nos errements terrestres, mais qu'ils sont les grands régulateurs de la vie que notre arrogance dédaigne, que les océans s'apprêtent à augmenter leur niveau et s'acidifient au risque de brûler les dernières cartouches d'une vie soutenable pour l'humain dans ce coin du cosmos?

On m'objectera avec raison que, jusqu'à très récemment, on ne savait pas que :

- c'est la mer qui produit 50 % de l'oxygène que nous respirons grâce à des millions de micro-organismes que l'on commence seulement à connaître;

- ce sont les océans qui, grâce à ces micro-organismes, sont le plus grand puit à carbone de notre planète en absorbant 50 % des gaz à effet de serre;

- c'est l'espace marin qui emmagasine la majorité de la chaleur solaire;

- Ce sont les océans qui régulent le climat, interviennent dans le cycle et la répartition planétaire de l'eau et influent directement sur l'air que nous respirons;

- Ce sont la flore et la faune océanique qui recèlent la plus fantastique chimiothèque et pharmacopée naturelles susceptibles de soigner les maladies d'aujourd'hui et du futur;

- On ne se savait pas non plus que sans compter les poissons et les mammifères marins, les algues, les coquillages et les crustacés sont un grenier alimentaire stratégique à très haut pouvoir nutritif pour faire face aux famines menaçantes du futur;

- On ne réalisait pas que les énergies de la mer (vents, marées et courants, vague et houle, hydrothermie mais encore algues énergétiques) constituent un des maillons les plus prometteurs de l'hybridation des ressources énergétiques alternatives qu'il nous faut inventer pour demain;

- etc

Il ne serait pas difficile de multiplier les exemples de connaissances nouvelles sur l'espace marin qui s'accumulent et qui fusent de toute part aujourd'hui. Je pense que nous sommes à une période critique et charnière. Je crois que la mer et les océans sont au centre des défis que l'humanité doit relever. Je pense même qu'ils sont la clef de ces défis. Nombreuses sont les disciplines scientifiques et les sciences de l'ingénieur concernées par le devenir des mers et des océans et par la façon dont nous allons devoir - non plus les exploiter comme par le passé- mais les connaître pour vivre mieux avec eux et grâce à eux.

L'espace marin et océanique est encore en grande partie un espace inconnu mais nous en savons désormais assez pour dire qu'il est impossible de leur imposer le traitement destructeur et dévastateur que nous avons fait subir aux ressources vivantes, animales et végétales mais aussi fossiles et minérales des espaces terrestres.

La mer et les océans sont sans doute le plus vaste domaine d'innovation utile dont nous disposons dans la perspective du développement durable. Continuer de les mettre en danger par obligation économique pour certains, mais aussi par ignorance, dédain ou cupidité pour d'autres, c'est à mes yeux, nous condamner.

Dans ce département, dont le nom même rappelle qu'il est la Terre de la Mer, il est clair que la promotion de la culture océanique doit être une priorité. Cette culture océanique ne peut être qu'une culture du développement durable, qu'une invitation à penser, agir et innover écologiquement.  Interface entre terre et mer, littoral touché plus qu'aucun autre depuis vingt ans maintenant par le phénomène des algues vertes, nous sommes bien placés pour savoir que le retour à un mieux-vivre ensemble demain ne sera pas lié à une croissance "verte" ou une croissance "bleue" mais, pour reprendre l'expression du scientifique et journaliste Yan de Kerorguen à une économie nouvelle qui résulte du mélange de ces deux couleurs, une "croissance turquoise".

Nous avons de nombreux atouts pour promouvoir cette nouvelle économie "turquoise" reposant sur le mariage de l'écologie terrestre et marine. Je ne vais pas les énumérer ici. Son déploiement ne peut cependant pas résulter d'un coup de baguette magique. Nous devons réunir nos forces et nos compétences autour de symboles, faire converger vers notre territoire les connaissances les plus essentielles et, terriens, alimenter une nouvelle pédagogie vis-à-vis de l'espace marin et océanique, des opportunités et de l'espoir qu'il nous offre encore…

 

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